Le capitaine du Port de Bruxelles : "le canal est relativement sain et bien géré"
Capitaine

C’est l’heure de la pause-café. Philippe Herman, le capitaine du Port contemple fièrement depuis la capitainerie du port, le tout nouveau bateau nettoyeur 100% électrique qui arpente le canal pour le débarrasser de ses déchets. Nous avons demandé au capitaine de nous parler de la propreté sur le canal et ses alentours. C’est un travail difficile, qui s’effectue au quotidien.

Philippe Herman : nous avons des bateaux (trois maintenant avec le tout nouveau Damona) qui sortent tous les jours et ramassent plusieurs m3 de déchets.

Mais d’où viennent ces déchets ?

Alors, il y a plusieurs sources possibles. Tout d’abord, les passants qui ne respectent pas l’environnement et considèrent le canal et ses environs comme leur poubelle, en quelque sorte. Ensuite, et là ce n’est la faute de personne, il faut savoir que le réseau d’égouts de Bruxelles est conçu pour pouvoir faire face à des situations de saturation. En cas de fortes pluies, il est prévu qu’ils viennent se déverser dans le canal. C’est bien car cela épargne des caves et des rues inondées; par contre, cela salit ponctuellement notre voie d’eau en chariant une partie de ce qu’on peut trouver parfois dans nos égouts. Dernière source possible: comme nous sommes reliés à la Flandre au sud et au nord et que, de leur côté, ils n’ont pas de protocole de nettoyage du canal, il arrive que des déchets, poussés par les vents, dérivent jusqu’à la première écluse qu’ils rencontrent (Molenbeek ou Anderlecht).

Et les utilisateurs du Port, ils font attention ? Je parle ici des concessionnaires, des bateliers et transporteurs...

Je vais être très clair : ce ne sont pas les utilisateurs du Port qui le salissent et le polluent. Car c’est leur outil de travail. Nous n’avons aucun problème avec les quelque 200 entreprises qui sont installées au Port, ni avec les transporteurs (camions ou bateaux). Ce sont des gens très respectueux dans l’ensemble. Et puis il y a tout une batterie de normes environnementales qu’ils sont tenus de respecter.

Cela dit, restons de bon compte : bien sûr, il y a du boulot pour tout nettoyer. Mais ce n’est pas la catastrophe non plus : il y a des poissons dans le canal et une splendide biodiversité, ce qui est également une indication que le canal est relativement sain et bien géré. Bruxelles Environnement et d’autres instances publiques veillent d’ailleurs aussi sur la voie d’eau bruxelloise !

Un gain de temps et d’énergie

Parlez-nous de de ce nouveau bateau nettoyeur, le Damona. Quelles sont ses particularités ?

Il est 100% électrique et sillonne depuis peu, chaque jour, le domaine du Port pour y repêcher tous les déchets qui flottent, avec un système de bac récupérateur situé à l’avant du bateau. La capacité du bateau actuel (le Castor) est de 1,2 m3. Celle du bateau électrique sera de 2,8 m3. Ce qui permettra de mieux rentabiliser les sorties de nos bateaux. En outre, nous finalisons en ce moment l’aménagement d’un pôle d’entretien à Anderlecht, ce qui permettra de laisser l’un des bateaux au Sud de la capitale et de ne plus devoir, chaque jour, traverser la ville pour aller repêcher des détritus de l’autre côté. Nous recrutons d’ailleurs actuellement deux matelots (ou matelotes, avis aux amatrices !) pour étoffer l’équipe de navigation.

Published on 07/06/22