Propreté au Port : Interview d'Ewout Claeys, environnementaliste
Quand on parle du canal et du Port avec Ewout Claeys, mieux vaut avoir un peu de temps devant soi. Cet environnementaliste parle en effet avec passion et savoir de sa mission : mettre en œuvre toute une série de mesures permettant d’améliorer la propreté du site mais aussi de développer sa biodiversité. Ewout est bioingénieur (VUB) et le Port de Bruxelles est son premier employeur.
Nettoyer le canal et ses environs n’est pas une sinécure, jugez plutôt. Chaque année, pas moins de 40 000 m3 de boues sont extraites du lit du canal, essentiellement pour faciliter le passage des bateaux, mais aussi pour dépolluer les sols. « A cet égard, nous expérimenterons dès 2023 des opérations de bio-dragage, qui permettent déjà de détoxifier les boues avant même de les extraire. On y injecte des bactéries et le tout fonctionne selon le principe d’une station d’épuration des eaux. »
200 m3 de déchets/an
Autre job important effectué par les équipes du Port : l’élimination de quelque 200 m3 de déchets flottants par an. « Nous disposons de trois bateaux nettoyeurs, équipés pour récupérer les déchets, mais aussi d’un ponton flottant muni d’un « litter trap ». Nous étudions la mise en place d’un système de tube enfoui au fond du canal, lequel libère des bulles d’air qui permettent de faire remonter toute une série de déchets à la surface, rendant plus facile leur repêchage », explique Ewout Claeys, l’un des trois environnementalistes qui travaillent au Port. Mais ce n’est pas tout : nous testons également divers systèmes fixes ou mobiles destinés à récupérer les déchets : des barrières à bulles, des pièges à déchets passifs et autres systèmes de poubelles flottantes (Sea Bin, River Skimmer, River Whale…), des systèmes de grillage ou des filets de rétention à proximité des déversoirs…»
Cela étant, l’une des pollutions les plus compliquées à gérer, ce sont les huiles qui sont rejetées dans le canal. « Là aussi, on est actifs avec une solution de barrière antipollution. Ce système est utilisé en cas d'accident lorsqu’il s’agit de récupérer de grandes quantités de polluants. Mais heureusement, nous disposons également d’un accord avec les pompiers, qui interviennent en cas de dégât majeur. »
Quand on lui demande de déterminer, sur une échelle de 1 à 10, le niveau de propreté du canal, il répond « 6 » Les nombreux projets pilote qui sont à l’étude au Port devraient permettre de faire monter cet indice de satisfaction. Par exemple les sept îles flottantes qui viennent d’être installées au BRYC et qui permettent à des oiseaux de venir y nicher. En-dessous du niveau de flottaison, des cages permettent de capter certains substrats nécessaires aux poissons et autres mollusques présents dans les eaux du canal.
Réparer le passé, préparer l’avenir
Le Port accueille en permanence 200 concessionnaires qui, pour avoir le droit de venir s’établir aux alentours du canal, doivent montrer patte blanche. « Depuis que le Port bénéficie du Label Ecodynamique 3 étoiles (2019), nous mettons l’accent, auprès de nos concessionnaires, sur les démarches en éco-gestion, notamment en matière de gestion et prévention des déchets, d’utilisation rationnelle de l’énergie, de mobilité des travailleurs... »
Un autre problème important auquel Ewout et ses collègues doivent faire face, ce sont les sols pollués. « Le Port héberge une activité industrielle depuis bien longtemps. Et nous faisons donc la distinction entre « pollution unique » (qu’on peut facilement attribuer à un concessionnaire présent ou en partance) et « pollution orpheline », qui existe depuis des dizaines d’années, et dont il est compliqué de retrouver les responsables. Dans ce dernier cas, c’est le Port qui se charge de la dépollution des sols. »
On citera enfin un travail de fond destiné à débarrasser les eaux du canal de cyanobactéries (ou phytoplancton) qui nuisent à la biodiversité et réduisent les apports en oxygène tant pour la faune que la flore.
On le voit, les sources de pollution peuvent être multiples sur le domaine du Port de Bruxelles. Lequel s’emploie, au quotidien, à régler chaque problème à mesure qu’il se présente. Raison de plus pour terminer par un message à l’attention de tous les Bruxellois : par pitié n’en rajoutez pas. Ne jetez JAMAIS vos déchets dans le canal. Ce n’est pas une poubelle... mais bien le cœur de notre ville !