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Au milieu du parcours du canal à Bruxelles, en plein centre-ville, il y a le bassin Vergote, la Mecque de la construction dans la capitale. Autour du bassin se sont installées il y a longtemps déjà, toute une série d’entreprises liées à la vente de matériaux. La plus étonnante d’entre elles est assurément la Van Nieuwpoort Zand en Grind, une entreprise familiale néerlandaise spécialisée dans le commerce de matériaux de construction, de polystyrène... et dans l’extraction de sable !

A sa tête, Alexandra Van Gend, une femme qui sait ce qu’elle veut. 

Alexandra Van Gend, une femme qui sait ce qu’elle veut

Fascinée depuis toujours par la revalorisation de déchets, elle fait des études supérieures à l’école de commerce Solvay et en ressort après un brillant mémoire consacré à la valorisation des déchets en cimenterie. Et c’est tout naturellement qu’elle pose ensuite ses valises au canal, côté Nord. 

C’était il y a quatorze ans. « Au début, c’était curieux, une femme qui débarque pour diriger une entreprise avec que des hommes ! J’ai dû faire mes preuves, charger, décharger des camions. Heureusement je suis bilingue ! C’était particulier au début, mais il y a eu adaptation. Des deux côtés ! »

Les journées bien remplies d’Alexandra se déroulent au rythme des péniches. Trois fois par semaine, les bateaux viennent débarquer ce qui représente l’or de la société : le sable. Récolté en mer du Nord, au large de la Belgique et de la Hollande, il est rapatrié jusqu’à la capitale via le canal. Une fois déchargé, il est nettoyé, traité et emballé. « Le sable est l’élément majeur du mortier pour la construction. C’est un peu comme le blé pour l’alimentation. Mais le sable n’est pas éternel, et il existe des réglementations techniques très sévères en matière de tonnage et de périodes d’extraction. » 

Le sable est une ressource fragile, il est fait de terre, de roches érodées, de débris de toute sorte, c’est le résultat d’un concassage ‘naturel’. Après, chacun a sa propre recette, de mélanges de sable, de granulats - ces ensembles de grains minéraux -, d’eau et de ciment, selon leurs proportions. 

Au début, c’était curieux, une femme qui débarque pour diriger une entreprise avec que des hommes ! J’ai dû faire mes preuves

La grande force de Van Nieuwpoort est d’être situé au cœur de la capitale de l’Europe, en plein centre de la ville. Ce qui permet de rapprocher le sable - la matière première de la construction - des utilisateurs finaux, privés ou industriels. Et pour éviter autant que possible l’impact sur l’environnement, il est important, voire crucial, que la majorité des transports de matériaux se fasse par voie navigable. « Un camion, c’est trente tonnes. Une péniche, c’est entre 2 et 3 000 tonnes. Une péniche qui rentre dans Bruxelles, ce sont cent camions qui restent dehors ! Qu’est-ce que vous préférez ? ».

Ses voisins de bassin ne sont pas ses concurrents, ce sont des « collègues – clients » comme elle les appelle. On y trouve du béton industriel, des outils pour la construction, du recyclage, une entreprise de transport de marchandises... Et plus loin, tout au long du canal, elle se réjouit du renouveau du quartier du port, même si, le bassin reste avant tout un quartier industriel. « Les camions, les broyeuses, les machines, les poussières, cela peut engendrer quelques soucis. Mais on y travaille. »

Marchande de sable, c’est un beau métier ? « Je suis dans mon monde ! Je ne me vois pas faire autre chose. » Et quand Alexandra veut se détendre en famille, c’est toujours à la plage, et cela ne lui rappelle jamais le bureau ! « N’essayez surtout pas de m’envoyer à la montagne ! » lâche-t-elle dans un grand éclat de rire.

Une péniche qui rentre dans Bruxelles, ce sont cent camions qui restent dehors !