Ils ont beaucoup ramé ensemble, au propre comme au figuré. L’aviron est en effet ce qui rassemble Caitlin et Olivier. Nous sommes partis sur le canal, à bord d’une yolette à quatre, pour en savoir plus sur ce dynamic duo !
Lorsqu’on visite les installations de l’Union Nautique de Bruxelles, ce qui frappe avant tout c’est la munificence du lieu. « A l’époque de la création du club nautique en 1874, l’aviron était un sport de riches. Il n’était d’ailleurs pas rare que certains membres paient d’autres personnes pour ramer à leur place. Dans l’histoire du Club, nous avons eu deux rameurs et un barreur médaillés de bronze aux JO d’Amsterdam de 1928. Aujourd’hui, nous comptons une centaine de membres réguliers... dont Caitlin ! »
Caitlin Govaert rougit quelque peu (elle n’est vraiment pas du genre à se mettre en avant) et dévoile quelques détails sur sa fantastique évolution. « En fait, c’est mon frère Calvin qui m’a mis le pied à l’étrier, il pratiquait l’aviron sur la Meuse lorsque nous habitions à Dinant. Moi, j’avais peur de tomber dans l’eau au départ. Mais très rapidement, je me suis sentie... comme un poisson dans l’eau (rires) ». Après quelques compétitions régionales, Caitlin a écrabouillé la concurrence (« du genre 20 secondes d’avance », souligne Olivier) lors de tests en vue de compétitions internationales. Ce qui lui a notamment assuré une place aux championnats mondiaux à Trakaï (Lituanie) où elle a terminé 4e puis aux Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires en 2018. Caitlin : « J'ai un excellent souvenir du village olympique, ainsi qu’un étonnement constant quand je vois la dureté de nos entraînements – il faut compter une trentaine d’heures par semaine – par rapport à d’autres disciplines sportives où c’est carrément plus relax ».
L’humilité avant tout
L’aviron est un sport peu connu qui, au final, consiste « essentiellement à être un petit moteur au service du bateau. Et pas l’inverse », explique Olivier. Ce qui implique d’être bien dans sa peau, humble et conscient de ses forces et faiblesses. Caitlin surenchérit : « Oui, tu as raison. Et moi, j’ai parfois tendance à me laisser envahir par mes doutes, par mes fragilités. Le problème c’est qu’on est liés à un calendrier : c’est lui qui nous dicte quand on doit être performants. »
Ramer à Bruxelles
« Nous bénéficions, sur le canal, d’une longueur géniale pour l’aviron, puisqu’au départ de l’écluse de Molenbeek, on peut ramer sans discontinuer jusqu’à Zemst, ce qui fait quand même un bon 30 km aller-retour ». Olivier poursuit sur le cadre bruxellois qui accueille le club dont il est la fois le président et l’entraîneur : « Je crois que l’aviron amène une belle diversité aux activités du Port. Nous sommes un peu comme des invités, puisque notre activité n’a rien à voir avec les métiers de base du Port. Et donc, en clair, oui on doit parfois faire attention à ne pas entrer en collision avec des péniches (c’est arrivé mais heureusement sans dégâts majeurs — sauf pour nos embarcations). »
L’union Nautique, propriétaire de ses murs, participe également aux efforts du Port liés à la biodiversité, notamment en ayant installé, avec l'appui de Bruxelles Environnement, un potager collectif animé par ses membres. Dans le même bâtiment, on trouve également d’autres associations dédiées au jogging, à la voile et au Zodiac.
Pour terminer, nous avons demandé à Olivier de nous dresser le portrait de Caitlin Govaert. « J’ai beaucoup évolué avec elle. Je n’en saurais pas autant sur l’aviron si elle n’avait pas, à l’âge de 13 ans, débarqué ici sur le canal à Bruxelles. Elle a été la première surprise de ses capacités. Certains moments difficiles (de doute, de découragement...) ont construit notre relation. Vous savez, une régate c’est avant tout un combat contre soi-même... »
Malgré son déjà très riche palmarès, Caitlin a son avenir devant elle : « mon objectif est de me qualifier pour les JO de 2028, ou même 2032... » D’ici là, il faudra encore ramer !
CAITLIN
Elle réside actuellement à Gand. Cette sportive de haut niveau de 21 ans a encore de belles années devant elle (« l’aviron est un sport à maturité lente, explique Olivier, on estime que les rameurs atteignent leur pic vers l’âge de 27 ans »). Elle aimerait repratiquer la danse, en complément de l’aviron.
OLIVIER
Ce presque grand-père de 55 ans habite à Vilvoorde et gagne sa vie en gérant une société d’installation électrique. « Au départ, j’ai fait des études de gymnastique... et puis je me suis rendu compte que je ne voulais pas devenir comme mes profs », confesse-t-il. Au compteur : 2 enfants et 15.000 projets à la minute.
Où ? Combien ? Comment ?
L’aviron se pratique sur diverses embarcations qui peuvent accueillir entre 1 et 9 personnes, du skiff individuel au « huit de couple avec barreur ». Les bateaux sont construits en polyester ou en carbone, et les deux principaux producteurs mondiaux se trouvent en Italie et en Allemagne. Le coût d’un bateau d’aviron : 15 000 € pour un skiff (une seule rameuse) et une durée de vie d’environ 5 ans.