Environnementaliste
Interview

Florence Debrouwer a un métier pas banal : elle est environnementaliste pour le Port de Bruxelles. Au sein d’une équipe de trois personnes, Florence initie des actions visant à diminuer les nuisances environnementales et augmenter la durabilité de l’activité portuaire.

« Déjà, le canal est, en soi, un principe vertueux »

« Déjà, le canal est, en soi, un principe vertueux, puisque le transport par voie d'eau est environ dix fois moins polluant que le transport par camions, sans compter l'encombrement des routes, par exemple. »

Cette multi-diplômée (histoire et sciences politiques) a d’abord fait de la recherche avant de passer un an en Chine en travaillant dans le secteur de l’énergie. Elle a ensuite été responsable de la cellule énergie de la ministre de l’environnement sous la précédente législature. Cela fait maintenant deux ans qu’elle a rejoint la cellule environnement du Port, pour y travailler sur les enjeux climatiques, énergétiques et environnementaux. « Il y a clairement une volonté d’accélération, tant de la part de notre direction (qui est super proactive sur le sujet) que chez nos clients, les quelque 200 entreprises que nous accueillons sur notre domaine portuaire, ainsi que leurs partenaires. »

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« Ici, au Port, notre guide ce sont les objectifs de réduction de CO2 décidés lors de la COP 21 à Paris en 2015 »

Le job de l’environnementaliste ? Aider les entreprises dans leur transition vers des bonnes pratiques qui soient plus respectueuses de l’environnement et qui aillent dans le sens de la durabilité. « Nous avons mis en place un service Expert Climat dont le but est de donner des coups de main aux entreprises. Quelques exemples : aider à électrifier leur flotte de véhicules, les conseiller sur leurs choix énergétiques – en allant vers des fournisseurs qui garantissent une électricité 100% verte par exemple. »

Mais ce n’est pas tout : le Port a également décidé d’accompagner de manière plus suivie trois entreprises chaque année. En mettant à leur disposition (et aux frais du Port) un bureau d’experts qui va réaliser leur bilan carbone et proposer des solutions pour accompagner ces entreprises vers une transition économique et écologique. Les trois chouchous de l’année sont ainsi Loxam (location de matériel professionnel), Satic Minera (béton et ciment) et Rhenus (logistique). En outre, pour les appels à projet de plus de 5000 m2, une démarche liée à l’économie circulaire, qui soit porteuse d’emplois et ouverte à la transition écologique est indispensable dans le chef des entreprises désireuses de s’installer au Port.

« Il est faux de croire que toutes les mesures environnementales coûtent cher. Parfois, c'est très rentable. »

Mais au fait, comment on décide ce qui est bien pour le Port et ses concessionnaires en termes d’écologie, de durabilité et de transition ? « Ici, au Port, notre guide ce sont les objectifs de réduction de CO2 décidés lors de la COP 21 à Paris en 2015. Et il est clair que nous faisons le maximum pour être dans les clous. Nous emmenons avec nous les entreprises qui nous font confiance. Pour certaines, il y encore du chemin à parcourir car les activités industrielles pratiquées au Port ne sont pas toujours les plus faciles à durabiliser. Mais on y travaille fort, tous ensemble ! ».

Le Port de Bruxelles est le premier port belge a être certifié zéro émissions CO2 pour ses bâtiments, et ce notamment grâce aux 19 000 panneaux solaires installés sur son territoire. Par ailleurs, le travail sur la biodiversité du lieu produit déjà des résultats réjouissants : des oiseaux nicheurs qui avaient disparu de notre région depuis 40 ans sont revenus s’installer le long des berges du canal. Un événement apparemment anodin mais révélateur du regain de biodiversité autour du canal. 

Est-ce que c’est facile de convaincre les entreprises d’emboîter le pas sur les questions écologiques et climatiques ? « Parfois, on doit un peu insister pour leur démontrer que les mesures environnementales ne sont pas toujours coûteuses : certaines sont même immédiatement rentables, comme l’installation de panneaux solaires ou le bon réglage des chaudières. » Le Port entend montrer l’exemple : son ambitieux plan de lutte contre le réchauffement climatique comprend une meilleure isolation de ses propres bâtiments, la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, tout cela en augmentant la part du transport par voie d’eau à Bruxelles. Ce travail de fond a permis d’éviter 621 000 camions dans les rues de Bruxelles pour la seule année 2020, 90 000 tonnes d’émissions de CO2 et 24 millions d’euros en coûts externes.

Notre équipe de trois environnementalistes fait partie d’un réseau d’acteurs opérant dans des domaines similaires, ce qui permet un échange de bonnes pratiques et de procédures. L'Alliance belge pour l'action climatique (BACA), est une création récente et conjointe de la section belge du  WWF et de l’asbl The Shift. « Par exemple, échanger sur des échecs avec des homologues internationaux est assez formateur, et ça nous évite de perdre beaucoup de temps en ne refaisant pas les mêmes erreurs. » En rejoignant ce réseau, le Port s’engage une fois de plus à agir concrètement sur le changement climatique.

Humilité, enthousiasme et ouverture : voilà quelques-uns des traits de caractère de Florence Debrouwer. Une professionnelle qui parle avec passion des défis qui nous attendent toutes et tous.